Description
On donne à la rareté, mot-clef de la collection de livres, deux sens principaux : l’un est purement quantitatif – est rare ce qui n’existe qu’à un nombre restreint d’exemplaires -, l’autre est qualitatif – rare se dit aussi des personnes et des choses pour en qualifier l’excellence. Les deux cent quarante-trois livres rares présentés ici illustrent les variantes de la seconde acception quand elles s’ajoutent au petit nombre. En préparant cette exposition, les conservateurs de la Réserve des livres rares ont été particulièrement rigoureux, préférant par exemple à la Bible de Gutenberg le psautier de Mayence (1457) – témoignage tout aussi spectaculaire des débuts de l’imprimerie, mais dont il reste cinq fois moins d’exemplaires – ou bien encore s’efforçant d’écarter de leur sélection, pour en renforcer l’intérêt, les volumes déjà exposés ces dix dernières années, et donc publiées par la Bibliothèque nationale de France dans d’autres catalogues. Ce choix, très ouvert sur le livre étranger et constitué pour un quart environ d’acquisitions relativement récentes, envisage les domaines et les formes du livre dans leur variété : livres religieux, éditions savantes et populaires, ouvrages de littérature, de sciences, livres de cour, impressions exotiques, livres interdits, etc. Ni histoire du livre, ni histoire culturelle, ni anthologie des trésors de la Réserve, mais riche de ces différents éléments, cet ouvrage est l’introduction la plus documentée et la mieux illustrée à tout ce qui, de l’invention de l’imprimerie (1453-1454) à nos jours, fascine les bibliophiles : livres dates, comme les éditions princeps des grands auteurs de l’Antiquité, livres-événements marquant une découverte, une victoire ou les débuts de la Résistance. Il s’agit toujours, quand ils ne sont pas uniques ou presque, d’exemplaires exceptionnels. Ils se rattachent à des possesseurs célèbres, ont une histoire à dire, quelques particularités à faire admirer : c’est par exemple le livre qu’envoya Erasme à François 1er, le premier texte de Pascal (et l’un des deux exemplaires connus, le second étant celui de Leibniz), la première reliure française signée, le seul volume complet des Poésies d’Isidore Ducasse (1870), les épreuves d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs corrigées et abondamment augmentées par Proust, les tracts de mai 68 réunis en dossier en vue de leur édition l’année suivante… Ce catalogue d’une exposition fondée sur l’idée de rareté et prenant à tâche d’en offrir les manifestations les plus variées, très peu de bibliothèques peuvent en proposer l’équivalent. Il étonnera – c’est un peu sa raison d’être. Il voudrait surtout rendre sensible la fragile matérialité de livres qui, en l’absence de manuscrits, sont souvent la base de la pyramide de rééditions qui nous permet de les lire encore : une base qui se révèle d’une étroitesse singulière, et donc d’une signification patrimoniale essentielle.
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