Description
On ne raconte pas Melmoth : on ne raconte pas un labyrinthe. Construit en abîme selon un vertigineux emboîtage de récits, il brosse avec fureur, six cents pages durant, la vie d’un « héros » possédé par le mal, pour qui le temps n’existe pas. On en sort sans voix. Roman, mais aussi bien recueil kaléidoscopique de fictions savamment mêlées, le livre nous entraîne en divers pays à diverses époques – en particulier dans l’Espagne de l’Inquisition, dont le révérend Maturin laisse un portrait terrifiant qu’auraient pu signer Sade ou Goya. Toujours le lecteur se trouve pris au dépourvu, dans les lacs d’un imaginaire où l’on ne peut que perdre pied, chaque chapitre creusant un peu plus l’escalier de l’enfer. Mais laissons parler quelques lecteurs… André Breton : « Le génie de Maturin est de s’être haussé au seul thème qui fût à la mesure des très grands moyens dont il disposait : le don des noirs à jamais les plus profonds, qui sont aussi ceux qui permettent les plus éblouissantes réserves de lumière. Il tenait l’éclairage voulu pour appeler à s’y inscrire le problème des problèmes, celui du mal. » Et Baudelaire : « Maturin dans le roman (…) Poe dans la poésie et dans le récit analytique (…) ont projeté des rayons splendides, éblouissants, sur le Lucifer latent qui est installé dans tout coeur humain. Je veux dire que l’art moderne a une tendance essentiellement démoniaque. » (L’Art romantique). Ajoutons que notre siècle, en ses couleurs cruelles, n’a fait qu’ajouter un peu d’actualité encore à cette oeuvre terrible – nous voulons dire terriblement humaine. Le noir, c’est connu, ne se démode jamais. Melmoth, chef-d’oeuvre absolu du roman noir pour la première fois en « poche » dans sa version authentique. Un concentré couleur de nuit, qui fascina Balzac, Baudelaire, Lautréamont, Oscar Wilde, Artaud, Breton – et qui ne demande qu’à faire de nouvelles victimes.
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