Description
Je ne savais pas que j’aimais Marseille, ville de marchands, de courtiers et de transitaires. Le Vieux-Port me paraissait sale – et il l’était; quant au pittoresque des vieux quartiers, il ne m’avait guère touché jusque-là, et le charme des petites rues encombrées de détritus m’avait toujours échappé. Mais l’absence souvent nous révèle nos amours…
C’est après quatre ans de vie parisienne que je fis cette découverte: de temps à autre je voyais dans mes rêves le peuple joyeux des pêcheurs et des poissonnières, les hommes de la douane sur les quais, derrière des grilles, et les peseurs-jurés, dont Sherlock Holmes eût aisément identifié le cadavre, car ils ont une main brune, celle qui tient le crayon, et l’autre blanche, parce qu’elle est toujours à l’ombre, sous le carnet grand ouvert…
Alors je retrouvai l’odeur des profonds magasins où l’on voit dans l’ombre des rouleaux de cordages, des voiles pliées sur des étagères et de grosses lanternes de cuivre suspendues au plafond; je revis les petits bars ombreux le long des quais, les fraîches Marseillaises aux éventaires de coquillages. Alors, avec beaucoup d’amitié, je commençai à écrire l’histoire de Marius…
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